Daniel GRUMIAUX, de Hornu (B.)
Peintre amateur, lauréat international avec
prix "Émeraude", au Salon de Paris 2002
"Les
femmes m'ont sauvé"
C'est une
histoire incroyable, qui questionne directement nos possibilités
insoupçonnées…
Il était
une fois Daniel et ses quatre frères et sœur. Le gamin a huit
ans lorsqu'il perd sa maman. Le père se remarie avec une veuve
déjà mère de quatre enfants. Un petit dixième viendra
sceller la tribu. Inutile de dire que la famille reconstituée
ne roule pas sur l'or. Lorsqu'il frise les 14 ans, Daniel
Grumiaux prend la direction de la verrerie de Boussu pour gagner
la croûte. Jusqu'à l'âge
de 27 ans, il mène la vie d'ouvrier. Tombe alors le couperet médical
: Atteint d'une maladie évolutive des vertèbres, il est
condamné à l'inactivité et percevra désormais des
allocations en fonction d'un handicap évalué à 80 %.
"J'ai alors sombré dans la dépression, raconte Daniel,
aujourd'hui âgé de 45 ans. Pour penser à autre chose, je me
suis mis à fréquenter un peu trop souvent les bistrots".
La première éclaircie dans cette vie morose s'est produite il
y a neuf ans, lorsque Daniel rencontre Betty. "C'est
la première femme qui m'a sauvé. Elle a remis de l'ordre dans
ma vie. Depuis, je n'ai plus absorbé la moindre goutte
d'alcool. Et surtout, elle s'est intéressée à mon modeste
talent". Car
depuis l'enfance, Daniel crayonne. Plutôt bien. Betty
l'encourage à s'inscrire à l'école des Métiers d'Art
du Hainaut. En 1997, il franchit la pas et s'épanouit complètement
au contact de professeurs qui s'intéressent à ses
capacités.
Mais le bonheur sera de courte durée : quelques mois plus tard,
Daniel est frappé d'un infarctus. Il tombe dans les escaliers.
Ses vertèbres fragiles accusent le choc de plein fouet…
D'autres jetteraient le gant avec désespoir,
mais pas lui ! Il décide de continuer à peindre, en
autodidacte cette fois. Il se documente sur les grands maîtres
et s'autorise un grand plaisir : celui de peindre le corps nu de
la femme. "À nouveau, c'est la féminité qui me sauvera. Je ne me lasser
ai jamais de reproduire ces courbes exquises. C'est aussi
l'une de mes raisons de vivre".
Au
quotidien, il s'exerce une à deux heures. C'est tout ce que lui
permettent ses muscles et ses os. "Un
jour, je suis tombé en arrêt devant une phrase de Dali :
pourquoi avoir peur de se perfectionner, puisque la perfection
n'existe pas ! Ça ma libéré".
Daniel
affine sa technique et découvre la formidable subtilité
du glacis. Je commence par dessiner le modèle en l'esquissant
à l'ocre jaune. Ensuite, je peins par très fines couches qui
se superposent en transparence. Ce qui suppose une patience
d'ange. Mais, Daniel a beau être plutôt nerveux et impulsif
dans la vie, il se montre d'une minutie incroyable dans sa
peinture.
"À
peine me suis-je emparé du pinceau, que je plonge dans une
sorte d'état second. Une fois dans mon univers, je n'entends
plus rien".
Sa
compagne approuve, en souriant. Et le résultat est là : de
grands tableaux de composition classique, dont la précision
confine au surréalisme. Daniel travaille d'après
photo. Mais il replace ses modèles dans des univers
oniriques, étranges ou poétiques.
Son
portrait de l'actrice
Monica Belluci aurait pu être trivial mais il a su le rendre
captivant
en emprisonnant l'actrice dans un tourbillon de
bulles d'eau vert… Émeraude, comme le prix qu'il a
tout juste décroché à Paris, le 20 octobre dernier, au salon
concours de l'A.E.A. "Pour
moi, c'était inespéré. Personne n'avait vu mes tableaux avant
que je n'expose dans le région à partir de 2001. Geneviève
Huart, la directrice d'Art Connection, m'a encouragé. Un beau
jour, j'ai reçu une invitation à participer à l'exposition
internationale de l'Académie européenne des Arts, à Gembloux.
Éberlué, j'ai demandé au directeur sur quels critères
j'avais été choisi. Celui-ci
m'a alors signalé le travail de certains chasseurs d'artistes
chargés de repérer des talents très valables".
C'est un Daniel Grumiaux complètement
médusé qui recevra le Grand prix international avec médaille
de vermeil. "Quelques
semaines plus tard, j'étais convié à l'exposition
internationale A.E.A de Paris, au pied de la Butte Montmartre.
C'est dans ce lieu
mythique que j'ai reçu le prix spécial Émeraude. Le miracle
continuait…
S. Martine Pauwels
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