L'A.E.A.
en France
Lettre de France
Rentrée 2003. On
recommence. Paris est infréquentable, du moins en voiture ;
question d'habitude. Les "Bronzés" sont partout, les
plages seraient-elles plus fréquentées que les musées ? Peut-être.
Affaire de goût.
Dans les couloirs du métro
fleurissent, toutes plus alléchantes les unes que les autres, des
affiches vantant des destinations merveilleuses, à faire rêver
le poinçonneur des Lilas qui faisait des p'tits trous, encore des
p'tits trous, ainsi que l'a chanté Serge Gainsbourg.
En prenant connaissance
du prix des dites destinations, on a la légère impression de se
faire détrousser comme au coin d'un bois, les mois d'été. Mais,
comme dirait Kipling, ceci est une autre histoire.
L'été 2003 ne laissera
pas un bon souvenir. Certes, le Maire de Paris a renouvelé l'opération
"Paris-Plage" et les badauds en ont profité à cœur
joie mais notre Douce France, comme nos voisins, a payé un lourd
tribut aux excès de chaleur. La plaie ne s'est pas refermée et
la cicatrisation sera longue et douloureuse. Pourtant, il nous
faut aller de l'avant.
L'Exposition
internationale A.E.A. – Comité français se prépare.
L'appartement de la secrétaire générale est encombré par les
colis contenant les premiers tableaux venus d'un peu partout. La
préparation de l'exposition touche à sa fin, enfin presque.
En
cette période de désordre total à la maison, Félix le Chat (je
sais, ça n'est pas trop original), se prend pour un conservateur
en chef de musée pendant qu'Éliane Hurtado trébuche entre les
paquets reçus et que Josiane Petit se noie dans la paperasse et
sombre au milieu des affiches, invitations, œuvres littéraires
et autres enveloppes…
Pendant
ce temps, votre serviteur flâne au Marché aux Puces, ce qui,
convenons-en, n'est pas trop moral ! Pour ma défense, je dirai
que le soleil m'a poussé dehors de bon matin, non pour fuir les tâches
qui m'attendaient, mais parce que me trottaient en tête quelques
vers de notre amie Sylvie Forveille :
Paris
me regarde,
et moi je suis attirée par son toujours
qui s'accroche au sens même de l'imparfait.
Je suis sous l'emprise d'une fougue passagère
qui emporte avec elle ce que je suis.
J'apporterai mon aide un
peu plus tard, après tout, ma présence n'est pas si nécessaire.
Que voilà un superbe exemple pour excuser une mauvaise
conscience…
Mais comment raisonner
autrement lorsque l'on traîne ses pas dans la plus grande
librairie d'occasion de Paris, à quelques minutes des Salons
U.V.A.-18 Grand-Montmartre, où nous accrocherons jeudi ? Sur un
kilomètre de rayonnage, dans six cents mètres carrés, cent
cinquante mille ouvrages me regardent. Livres anciens, gravures,
traductions, ouvrages d'art, livres de poésie, de philosophie, je
voudrais, en ces instants, me transformer en livre pour rester
avec eux.
Le quotidien me
rattrape. Revenu à l'air libre, une grave discussion avec le
vieux ferrailleur du coin de la rue Jules-Vallès me ramène à la
dure réalité des obligations à accomplir et je reprends le
chemin du labeur.
Las ! Le destin aime
jouer des tours à l'homme… Tommy l'Écossais, artiste peintre
montmartois, croise ma route, accompagné comme il se doit par un
autre artiste peintre, britannique lui aussi, répondant au nom de
James B. Woods, de surcroît intéressé par une adhésion à l'A.E.A.
En pareilles circonstances, la courtoisie la plus élémentaire
impose, au pied de la Butte Montmartre, le partage d'un moment
d'amitié accompagné d'un petit verre de vin blanc au Relais,
dont les murs sont décorés de peintures en trompe l'œil de
notre écossais.
Me voici à demeure. Le
regard fort désapprobateur de notre chat me guide à ma table de
travail et, une nouvelle fois, j'ai le plaisir de lire vos écrits,
de vous retrouver en toute amitié, loin des clichés affirmant la
peur devant la feuille blanche. Aucune œuvre, littéraire ou
picturale, n'existerait si son auteur était confronté à une
telle peur et aucune sculpture ne pourrait réjouir notre regard,
tant doit être encore plus impressionnante la masse de pierre ou
de marbre.
Cette peur, bien sûr,
peut être définie d'une certaine manière. Victor Hugo écrivit
que la peur est un sentiment humain ; peut-être est-ce celle de
la sincérité d'écrire, de peindre , de sculpter ? De mettre
aussi son âme au bout de sa plume, de son pinceau, de son burin,
en forçant le cœur à se découvrir ? Je ne sais. Cela ressemble
moins à de la peur et plus à du courage, de l'audace, voire de
la témérité.
Cette
"Lettre de France" paraîtra dans le dernier
Bulletin de l'A.E.A. de cette année. Nous vous informerons
de la tenue de l'Exposition internationale de Paris, donc en début
d'année. En attendant, recevez nos vœux amicaux pour vous et les
vôtres.
Amable
MORENO, correspondant littéraire- Paris.
Correction
et excuses
Il est apparu, dans
la revue n° 115, dans le palmarès de Arts plastiques du 33e
salon, qu'une ligne avait sauté. Cela arrive à l'impression et
c'est notre amie de longue date, Mademoiselle Jacqueline
BANTIGNIES, de Paris, qui en fut la victime. Son nom aurait dû
suivre celui de Fatima BAIÃO, dans la colonne des médailles de
bronze nationales.
D'abord, Jacqueline, toutes nos félicitations
et aussi nos excuses pour ce contretemps.
A.C.
Plume
au repos
C'est avec beaucoup
de tristesse que nous avons appris le décès de
Monsieur Maurice
SIEGWARD, de Livry-Gargan (F.). C'était un ami de longue
date, que j'ai toujours connu et qui était très apprécié dans
le milieu littéraire de l'A.E.A. Son souvenir restera gravé dans
nos cœurs et nous présentons à sa sœur et à toute sa famille
l'expression de nos condoléances émues.
A.C.
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