À quelques pluies de là
À quelques pluies de là, les vers que j'écrivais
dans les plis d'une feuille, étaient pour ton sourire
que je venais d'aimer. Le temps était mauvais,
mais sous les gouttes d'eau, je regardais fleurir
un autre ciel, je crois… Ce soir je me promène.
Ton souvenir au cœur, je sens comme du gel
dans la voix de mes mots. Les jours de la semaine
ne se ressemblent pas. La Place Saint-Michel
fait pleurer La Fontaine et les bleus de son eau
sont dans les yeux du temps et dans les miens aussi…
À quelques pluies de Nous, j'entends le piano
des songes sous les doigts d'Arthur Rimbaud, assis.
Et qui jouait pour Nous la mélodie des âmes.
Ce soir la rue Danton est vide. Le ciel bouge
au-dessus de ma tête. Et la pluie dans ses flammes
brûle mes cheveux fous… Un grand parapluie rouge
abrite ma mémoire et je sens dans ma main
la fleur du souvenir… On ne peut effacer
l'initiale d'un cœur. Et même si demain
ne fut qu'un Rêve, je demeure à le penser.
En écrivant…
Thierry Sajat
J'accroche ce poème à l'étoile
qui passe,
vous en adresse un rêve aux branches de la nuit,
dans l'ensablement du ciel à marée basse,
où s'enlise le temps sous les plis de la pluie.
T.S.
Pensée
Je pense à vous ce soir. J'aimerais accrocher
Dans les parfums de votre chevelure, mon cœur.
Et vous prendre la main comme on cueille, une fleur,
sans déchirer le temps, car l'amour est léger.
Tel un frisson de pluie sous le chanvre du vent…
je pense à vous, ce soir. Les Roses de Ronsard
s'effeuillent sous les doigts bleus du ciel, aux essarts
de poèmes écrits dans vos yeux, en rêvant.
Déjà la nuit renverse son flacon d'étoiles
sur ma plage d'été. Et mes vers sont semblables
à ces mots que l' on trace parfois, dans le sable,
pour qu'après la marée il en reste une Toile.
Improvisée d'amour, quand le ciel sur les vagues
se paraphe d'oiseaux… Ma rime devient belle
aux chanterelles de votre voix isabelle.*
Et mon poème chante où le votre l'élague.
T.S.
* - de couleur beige foncé
Pardonne-moi
Pardonne-moi ces mots que j'écris dans les plis
d'une rose d'automne. Ils portent les stigmates
d'un vent de frêle augure, une ombre qui remplit
de langueur le silence où nos rêves s'ébattent.
Pardonne-moi ces mots qui ont perdu le bleu
de nos premières fleurs. Le temps a détaché
nos doigts, sans que l'amour n'en comprenne le feu.
Pardonne-moi ces mots que je n'ai su cacher.
Je les écris encore dans le coin de ma tête.
Un carré de papier ne suffit pas toujours
pour écrire l'amour, toutes ses épithètes
qui nous font tant pleurer quand ils s'enfuient, un jour…
Pardonne-moi ces mots que je n'écrirai plus.
Pardonne-moi d'aimer encore… Je prends le large
vers des îles de solitude, dans le flux
et les reflux du temps… Je garde dans la marge
de mon dernier poème, une étoile de toi…
Où que la vie me tue, c'est à l'encre invisible
que j'écrirai ton nom, comme guidé des doigts
que j'aimais effeuiller, tes doigts dedans la cible
de mon cœur… De nos cœurs…Pardonne-moi les vins
de nos ivresses bleues, ces vins imaginaires
dans la coupe d'aimer… Je pense à toi, je feins
de m'endormir un peu sous l'aile Apollinaire.
d'une nuit d'un bleu presque bleu…
Thierry Sajat |