Le coin des poètes
André
CLAUS, de St-Ghislain (B.)
Médaille d'or internationale de l'A.E.A.
Allégories
Peut-être seras-tu
ô toi le plus bel ange
De pourpre et d'or vêtu,
L'envoyé qui demain,
Assis sur une pierre au bord de mon chemin
Me donnera les clés de quelque ville étrange,
Et personne jamais
Autant n'aura cherché !
Peut-être
viendras-tu
Dès ce soir me veiller
Et me dire à l'oreille
Où se trouve ce monde
Cet univers perdu que la lumière inonde,
En me laissant sans voix sur l'oreiller.
Peut-être seras-tu
Cette Muse un peu folle
De m'avoir trop promis,
Qui, pour avoir tenu
Se verra reléguée sous le ciel mal connu
Du royaume où les fées n'ont pas droit de parole?
Et personne jamais
Si loin n'aura marché !
Et j'y serai pourtant,
Incroyable mystère,
Timide et rougissant,
Les bras chargés de fleurs,
Et tu seras pour moi le plus grand des bonheurs
Que l'on puisse espérer sur cette rive austère.
Peut-être y vivrons-nous
À l'insu du mensonge
L'éternel hyménée
Dont parlent les écrits,
Enserrés l'un à l'autre et l'un de l'autre épris
Dans un lointain passé que l'infini prolonge,
Et personne, jamais,
Là-bas n'ira tricher !
Hormis peut-être toi,
L'insolente bravache
Au surplis sable et or
Et la faux dans la main,
Assise sur mon sort au détour de chemin,
Quand tu m'arracheras le cœur et mon panache !
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