L'A.E.A. en Suisse
Éloi ROSSIER, de
Payerne (Suisse).
Du
cadre dynamique à l'artiste peintre et graveur.
En douze ans, Éloi Rossier s'est
fait un nom. Portrait d'un homme qui a tout lâché pour vivre
de son talent. Voici l'artiste.
"On
m'appelait toujours l'artiste. C'était peut-être prémonitoire".
À l'époque, pourtant, Éloi Rossier avait les cheveux courts,
portait des costards. Son look était celui du cadre dynamique
bien placé dans une entreprise. Aujourd'hui, c'est en tenues
simples et cheveux longs noués avec un catogan. Et artiste, il
l'est bel et bien devenu. Peintre mais aussi graveur. Une
trajectoire étonnante pour ce Fribourgeois d'origine qui a eu le
coup de foudre pour la cité broyarde, il y a 6 ans. À voir le
monde venu dans son atelier à l'occasion d'une journée portes
ouvertes, Éloi Rossier connaît un certain succès. Il ne le nie
pas mais il garde la tête froide. "Je reste sincère avec
moi-même. Je tiens à l'humilité".
La
trajectoire de ce Payernois de cœur est en effet étonnante parce
qu'il est reparti à zéro à l'âge de 45 ans. L'élément décisif
de ce virage fut le licenciement d'une société avec laquelle il
travaillait depuis 20 ans. Un coup dur, une remise en question. Et
une dépression au terme de laquelle il décide de vivre de son
talent. "Jusque-là, j'avais toujours fait ce que je n'avais
pas envie de faire".
À
16 ans déjà, il allait suivre, en cachette le soir, des cours de
peinture et de dessin auprès des peintres fribourgeois Garopesani
et Netton Bosson. En cachette parce que sa mère voulait que ses
enfants gagnent très vite un peu d'argent pour nourrir une
famille de treize enfants, dont le père, chimiste, est mort à 52
ans. Éloi, lui, voulait faire les Beaux-Arts. Ce fut finalement
un apprentissage de commerce puis un job dans la même entreprise,
jusqu'en 1991."Durant cette période, j'ai toujours participé
à des concours de dessin et de peinture". Aujourd'hui, Éloi
vit donc de son art. Ses tableaux figuratifs, faits de paysages et
de bâtiments, sont la plupart des commandes. C'est sa manière de
fonctionner. "Mais, chaque fois que je vends un tableau,
c'est un peu une partie de moi qui s'en va. Son quotidien et fait
aussi de cours de peinture qui s'adressent à des adultes. Enfin,
depuis quelques années, il s'est lancé dans la gravure, sous la
houlette du maître Léon Verdelet, 94 ans. Sa formation n'est, de
loin, pas terminée. Mais le résultat est là. Il vient de
recevoir ses premières commandes de gravures.
J.-M. J.
Éloi ROSSIER vient
de se distinguer à Paris. Il est heureux de la médaille d'argent internationale que lui a décerné
l'Académie européenne des Arts lors de son salon concours, le 26
octobre, à Paris. Tenu à Montmartre, haut lieu de l'expression
picturale, ce salon a réuni 72 artistes de 8 pays européens. Un
jury de connaisseurs a jugé les œuvres dont une gravure au burin
de la ville d'Avenches et une aquarelle d'un coin de l'Arbogne à
Corcelles, tenant compte de la qualité du travail.
"Je
suis particulièrement fier de cette haute distinction qui me
permet de me situer sur le plan international car ce n'est pas
seul dans mon atelier que je peux évaluer ma progression" ,
révèle l'artiste. À la galerie Frida, je forme des élèves
mardi, journée et soir et mercredi. Je forme
aussi actuellement
ma première élève en gravure et je m'en réjouis. Je
donne des cours de dessin aux élèves du Sacré-Cœur, à
Estavayer et ne désespère pas, un jour, de faire de même aux écoles
de Payerne. Je suis heureux aussi du nombre croissant de commandes
qu'on me confie en peinture et en gravure. Je pense que mon
travail de peintre de la rue est bénéfique". À la mi-décembre,
portes ouvertes à son atelier, avec démonstration d'impression
de gravures.
On
en reparlera. Bravo Éloi !
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