LE COIN DES POÈTES 

Lucien LECOCQ, de Bruxelles.

Dans la revue précédente, nous avions édité un poème de Lucien Lecocq, intitulé « Méprises ». À cause d’un incident à l’impression, un vers essentiel du 4e quatrain à sauté. et les 3e et 4e quatrains n’ont pas été séparés.

Nous nous en excusons et pour réparer la faute, nous republions ci-dessous,  le même poème.

   

Méprise 

Voudriez-vous, Madame,
Me donner votre main
Afin que de ma flamme,
J’y lise mon destin.
Non, vous ne voulez pas
Retirer votre gant,
Alors comment  pourrais-je
Y croire plus avant. 

Craindriez-vous, Madame,
Que j’y trouve un secret ?
Toute chose scellée
Comporte des regrets. 

Alors dégantez-vous
C’est un geste banal
Hormis si vous cachez
Un anneau nuptial. 

Vos yeux m’avaient promis
D’assouvir mes désirs
Pourquoi n’avoir pas dit
Que j’en pouvais souffrir 

Si votre cœur est pris
Pourquoi me faire accroire
Que vous me réserviez 
Une toute autre histoire

                                           Lucien Lecocq

 * * * * * * * * * *

José dos Santos Baptista, de Peso (P.)

 

PAS SE MÁGICO 

Juntar as minhas ideas,
O
rdená-las num dos pensamentos,
S
egredar os meus sentimentos,
E
spero ver-te sem lamentos. 

Desejoso de amar-te,
O
uço a linguagem do meu coração,
S
into saudades da tua compleição. 

Sonhar me leva às alturas,
A
mar, não significa
N
avegar, nas asas do infinito !
T
empo, compreensão e carinho
O
rdenam os meus impulsos ;
S
igiloso, entrego-me ao teu amor. 

Balbuciando os meus lábios,
Atiro-me ao teu regaço,
Persigo os teus prazeres,
Trago no meu ser mais profundo,
Inspiração, para tocar-te o coração ;

Seguro-te em meus braços,
Toco-te e num passe mágico…

Amo-te para nunca mais te deixar. 

                               José dos Santos Baptista

                         * * * * * * * * * * *

Abdulalla TAFA, d’Albanie 

Ascension 

Accrochés aux ailes de l’oiseau de vie
Nous quittons les ténèbres
Du monde souterrain
Accrochés aux ailes des oiseaux de la mort 

Qui sait si l’on atteindra le rivage du jour
Là ou l’air c’est de l’air et le soleil soleil

Dans le monde où l’hydre à mille têtes n’existe pas
Ni des créatures difformes à Dieu ne plaise
Un quart  être humain
Fauteuil
Les trois quarts…  

L’oiseau glatit et réclame notre chair
Et nous, grisés par l’euphorie du sacrifice
Ensanglantés  on s’offre bien volontiers 

Peut-être qu’au cours du vol se dépouille-t-on
De la couverture carnale de la chair
Et ce n’est que nos squelettes qui atteignent le monde d’en haut

Là-bas, très loin, là où l’air ce n’est pas de l’air
Ainsi que les arbres effeuillés regorgeant de sève 
Avec le vert verdoiement de la verdure
Nos squelettes décharnés vont retrouver
Le sang et la chair dans le monde d’en haut 

Et nous serons de nouveau des hommes !

 Poème tiré du recueil LA PLACE DE LA CONCORDE 

                                           Abdulla TAFA 

                       * * * * * * * * *
Marie-Louise ORIA, de Royat (Fr.)

          Je reviendrai parmi les vivants

Il y a loin déjà que je vis sans mon corps.
Un peu au bord,
Beaucoup en dehors.
Comme à côté d’un mort. 

Ce transpercement. Ces souffrances d’aiguilles
La douleur, encore. Mon corps qui vacille.
La douleur. En lancés. De plus en plus forts.
Chaque jour plus aigus. Et encore.
Ce corps, d’épieux irradiés
Qui n’est plus qu’un treillis vrillé.
Mon corps, qui n’est plus.
Mon corps et moi, non plus. 

Corps sauf-conduit de la douleur
qui ravage les mots en profondeur.
Douleur naufrage. Cauchemar en revivre.
Et puis tumeur, qui jette le corps en dérive. 

De toute façon, mon corps, il ne reste que nous
L’un et l’autre à notre secours. Toi et moi.
Car c’est toi qui m’abrites ici-bas.
En toi je demeure. Et je veux…pour nous… 

…sortir de l’enfer. Renaître encore.
Alors je m’engage, mon corps,
À redevenir toi. Uni à moi.
Toi, moi, nous. 

Vingt ans cloîtrée dans l’insoutenable à endurer.
Compter encore une large mesure de dix années.
C’est si peu. Trop peu et pas assez.
Pour à peine commencer. 

Les pires à démontrer, à défendre. Vite oubliées,
Les tortures réservées aux femmes. À vie abîmées.
Mon corps, mon seul recours, mon double, je te promets.
Je te fais la promesse de revenir plus forte qu’avant. 

Je reviendrai parmi les vivants.

                                       Marisol

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Lisa DUJARDIN, de Tournai (Be) 

Un amour de Muse

J’ai la « Muse » vagabonde,
J’ai la « Muse » taquine,
Perverse et libertine…
J’ai la « Muse » érotique,
Lorsqu’elle me lutine.
J’ai la « Muse » capricieuse,
Parfois turbulente :
Elle me fait faire des choses,
Des choses fabuleuses.   

Pourtant, sourde et muette,
Avec moi souvent injuste
Ma « Muse »
Me bouscule sans délicatesse.
Elle me tient la dragée haute :
Il suffit qu’elle claque des doigts,
Pour que j’accoure au trot,
Et elle se rit de mon émoi. 

J’ai la « Muse » colère,
Qui peut m’écraser contre un mur,
Me propulser à travers ciel,
Alors c’est grâce à elle,
Si j’approche d’aussi près
L’arc-en-ciel.
J’ai la »Muse » violente.
Dans ma tête,
Elle fait trembler la terre,
Met le feu aux poudres
De « ma rose des vent »,
Incendie mon âme,
Me lacère le cœur…
Alors !
Je lui ouvre mon ventre,
Qu’elle me pénètre jusqu’au « tréfonds »,
Qu’elle m’ensanglante,
Tout le dedans de mon corps.
Et de ce sang d’amour, 
Nous nous enivrons. 

J’ai la « Muse » cruelle…
De l’étrangler,
Parfois l’envie me prend.
À quoi bon !
Puisse qu’elle est immortelle,
Et je n’ai de cesse,
Que lorsqu’elle me caresse.
Elle se fait si douce, si tendre,

Dangereuse et troublante…

Ma « Muse » est une battante :
Elle peut combattre comme un démon…
Parfois il m’arrive,
D’avoir ma « Muse » triomphante ;
De ses trophées, elle me fait don. 

Pourtant, un jour elle m’a trahie :
sans tambour ni trompette.
Sur les trottoirs de ma ville,
Lâchement elle s’est enfouie,
se moquant de ma détresse.
Le long des quais, se sont éteints :
Les lampions du bal, un à un.
Moi qui croyait l’avoir perdue…
Enfant prodigue,
La voilà qui revient…
Se refaire un autre visage,
Le temps d’un lifting,
Elle était partie…
La voilà revenue
Se « pelotonicher »
Tout au creux de mon lit,
Dans la rivière de mes draps.
Le cœur en bandouillère, 
Elle m’est revenue :
Plus jeune que jamais, plus altière,
Avec pour étendard,
Au bout d’un roseau :
Le chiffon ensanglanté,
De ma liberté. 

Pour se faire pardonner,
Elle reconstruit mon ciel.
De mauve, mes nuages elle repeint,
Rallume le clair de lune
De mes nuits,
De ma constellation,
Passe à l’or fin les étoiles ternies.
Le cours de ses errances,
A sublimé mes « ramint’vances * ». 

C’est comme ça une « Muse »
Enfin !
C’est la mienne et je l’aime…
 

* Ramint’vances : terme PICARD signifiant souvenances.
S’ramint’voite :se rappeler vient du vieux français ramentevoir 

                                           Lisa Dujardin  

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Marie Alice de CAMPOS PEIXEIRO
de Covilha (Portugal) 

MEU IRMÃO 

Desde que me lembro da vida,
Encontrei a meu lado um amigo.

Um ser pequeno e decidido,

Tão depressa era cowboy, como foragido.

À casinhas também brincava
E ratávamos juntos a marmelada.
E se disso se tratasse,
Subiamos às árvores,

Para bulhar a seguir,
Ou rir no mesmo instante.
Mas ao sentir-me ameaçada,
Detrás deleme escondia,
Dávamos as mãos
E partiamos juntos, paara o pais das maravilhas.

Este era, meu mãos
Assisti de perto, a outra faceta da sue vida.
Estava atrevido o rapaz !
Olhava para outras garotas,
Para una serigaita de olhos pretos,
Que debaixo de nós morava.

E Ihe sorria deleitada

Que teria elea mais que eu ?
Porque já não quereria brincar aos cowboys ?
Estava chato o garoto !
Escrevia, escrevia, com os olhos em bico.
E nada de casinhas !

Já nem bulhar sabia !

Mas eu tinha de descobrir.
Pé ante pé fui andando

E descobri-o beijando,

A serigaita dos olhos pretos.
Puxei-o pela gola, Ao pé de mim o sentei.
Que se passa, Barba Azul ?
Que andas tu fazendo, que eu não sei ?
E lá tomava ele, aqueles olhos em bico !
Estou amando, garota, disse-me a seguir.
Era estranho, era confuso.
Não entendia nada
O garoto era mais velho.
Devia ser maleita, que dava com a idade,

E logo Ihe perguntei :

Isso vai dar-me a mim ?

E ele olhou-me com os olhos abertos

E neles vi desfilaar os cavalos, as boncas,
Os carros e os folguedos de infãncia.
Olhei-o dos pés a cabeça
E vi que elecrescera
E eunão dera por isso.Devia ser certo.
Amava alguém !
Assisti do perto a esse aamor.
Estava lindo o rapaz !
Que par bonito faziam !
Que me estaria passando ?
Como me parecia diferente,
Dos tempos que estávamos juntos,
Enfarruscados, fazendo tropelias sem fim.
Estás bonita, garota !
A « nossa filha » está uma mulher,
Disse para meus pais.

Já maminhas tem !

Que ravia me subiu.
Como um tomate, me pus.
Que tinha ele de notar, 
Aquelas coisas que me tinham crescido !
E logo ali, em Frente « dela »
Mas « ela » sorriu e deu-me a mão.
Não Ihe ligues, deixa-o falar !
E eu sorri  também.
Era bonita a garota
E queria ser  minha amiga.
E porque não !
Se ele gostava dela,
Poeque não gostaria eu também ?
E foi divertido.
Cresci, vendo de perto amarem-se
E foi ela, que me ensinou
O que sera o amor.
Foi ele que me descobriu
Os recônditos segredos do coração humano.
Foi ela, que me pôs nos braços,
Um bébe, dois bébe.
E me disse que se desaparecesse,
Os criasse como meus.
Talvez por isso, os amei tanto.
Trilhei  com eles,Bons e maus momentos,
Conheci também eu,
A felicitade de amar alguém,
Embora fosse mais fácil para eles,
Amar o « serigaito » que casara comigo.
Assim aconteceu.
E nos braços deles, também eu pus dois bébes
E pedi o mesmo.
Sofromos juntos
O perder pouco a pouco,

Que todos os entes queridos.
Vivemos as incertezas,
Os diversos futuros,
Que se encontraram.
Um presente possivel.
Uma etapa de uma vida,
Comemorada hoje.
Que lembremos juntos o passado.

Comemoremos o presente,

E vivamos um futuro juntos,

Com todos os « acrescentes »que Deus nos deu.
Que tenham terminado os maus dias,
Mas se assim não estiver destinado,
Que ao menos juntos, os ultrapassemos. 

                        Maria Alice de Campos Peixeiro
  
             Grand prix international – Gembloux 2004

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Philippe DESSAUW , de Narbonne (Fr)

ALLEGRO VIVACE

J’ai vendu tous mes biens sans en avoir assez
Pour un superbe engin qui part dès qu’on l’allume
Et détourne de moi la honte et l’amertume,
Filant comme un dragon sans être menacé

J’adore la vitesse et le temps menacé,
Grisé par la musique émise à plein volume,
Quand je tremble, invincible, en froissant le bitume.
C’est un plaisir subtil qui me tient embrassé.

J’y soigne ma névrose et mon trouble posthume
Car petit à petit mon plaisir se consume…
M’emporte la fatigue et s’éteint le traçé…

Pourquoi suis-je habillé de ce foutu costume.
Figé sur ma couchette, immobile et glacé ?
Je sais qu’il était tard mais que s’est-il passé ?

Aux jeunes gens victimes de la folie au volant et de l’hécatombe routière !

Philippe Dessauw

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