Parents de situation aisée Mère dans l'enseignement (école normale de Nice -06-) et beau-père officier dans les dragons à Libourne -33- et à la retraite, chef de bureau aux Comptoirs généraux de la société des comptoirs de France-Outremer. Je ne pouvais que suivre le courant de ville en ville à cause des déplacements et des ordres de rapprochements des fonctionnaires ; il était difficile de prendre racine quelque part... Ma mère, issue de l'école normale de Nice, fut affectée à sa première école à St Jeannet -06- (où elle se marie), puis par avancement elle fut mutée à Cursan -33- où, trois ou quatre mois après, je vis le jour. Ne pas oublier que nous sommes en 1916, en pleine guerre (14-18). Ma mère est, toujours par avancement, mutée à Talence -33- puis, deux ans après à St Médard en Jales -33- comme directrice d'école et à Lormont -33- où elle se remarie avec un lieutenant des dragons en poste à Libourne -33- . Par rapprochement des fonctionnaires elle est alors mutée directrice d'école à ST Emilion -33- J'avance en âge et en études ; ça va, j'aime ça ! Toujours par avancement, elle est mutée à Bègles -33- comme déchargée de classe (13 adjointes). A cette époque, je fais pharmacie, après trois ans d'étude à l'école supérieure de Talence. On est en 1937 ; cela va mal ! Ayant fait six mois d'école de préparation militaire, école ST Augustin à Bordeaux, je m'engage dans l'armée -service de santé- 18ème S.I.M. de Bordeaux (Section des Infirmiers Militaires). En quelques mois, grâce à mes études, je passe dans les cadres et me trouve au secrétariat du gestionnaire de l'hôpital "Robert Piquet" à Bordeaux. Ma mère est directrice d'école à Bègles Berthelot (18 adjointes) et reçoit le titre d'officier d'académie. Le beau-Père est toujours, depuis sa retraite, dans la transat France-Outremer. Cela va très mal et en début 39 c'est la déclaration de la guerre. Je suis affecté au G.S.D. -36- (Groupe Sanitaire de Division), secrétaire du commandant, médecin chef de cet hôpital de triage. Je me trouve dans l'est, la Marne, Verdun, etc... Drôle de guerre, cinq à six mois sans blessés de part et d'autre. Mais,
tout à coup, c'est vraiment la guerre. Déplacements dans les Vosges et (on en
reste stupéfaits) toute la lère et 2ème armée est faite prisonnière. Je
suis en poste à Hortoncourt. Un mois
après, à Sarrebourg dans un
hôpital de triage. Acceptant mal la captivité, avec un de mes infirmiers (Marcangeli)
lui aussi méridional, on va s'évader. Conséquences, reculés de quelques
dizaines de kilomètres, on se retrouve à Sarrebruck. Ce n'est
pas que cela nous amuse, mais la France est
la France et puis je l'avoue, on soignait des pauvres bougres que les Allemands
nous ramenaient dans un bien triste état. Nous ne
voulions pas nous suicider, traverser les cours d'eau à la nage pour finir avec une pneumonie etc... On prenait les ponts et faisant les idiots, on
disait aux Allemands que l'on se promenait ou je ne sais ce qui nous passait par
la tête. On nous ramenait riant de notre aventure et on se retrouvait à
quelques kilomètres plus loin de Sarrebruck à St Von de Bassel, Trier (là, 20 000 prisonniers, ce n'était pas la
joie), puis à Coblence. Les
Allemands ayant de plus en plus de blessés devenaient sociables avec nous. Moi-même, j'ai du mal à revoir la situation bien nette. C'était en juin 42 . Alors, en quatre ou cinq ans, les événements défilèrent à une cadence très accélérée. Heureusement, les photos, les attestations, les ordres de mutation etc... vont beaucoup m'aider. Je vais à la direction du Service de santé à Bordeaux pour rencontrer le Général Causeret. Celui-ci m'affecte à l'hôpital St Nicolas (Robert Piquet, bel hôpital très moderne, était occupé par les Allemands). Je passe quelques mois comme secrétaire du médecin chef, mais des événements de famille très désagréables m'obligent au divorce ; le général Causeret me fait la joie de me muter à Nice en tant que responsable de l'infirmerie du 2ème régiment de la garde (Nice était occupé par les Italiens). Alors que je partageais avec mon personnel des jours heureux, Pétain fait savoir au colonel du régiment qu'il passait sous les ordres de Vichy. Après une réunion avec le colonel, presque tous les cadres désertent, abandonnant emploi, solde etc... Mais où aller ? Chacun suivra son destin... Je reviens à Bordeaux, et bien accueilli par des amis sûrs, je contacte le PC des F.F.I. (Force Française de l'Intérieur). Grâce à toutes mes pièces officielles, attestations etc...), je suis alors affecté comme sous lieutenant à la compagnie Brenner -en 1943-. Adjoint à un jeune médecin Lieutenant qui -malheureusement- se blesse peu après dans un sérieux accident, je fus désigné pour son remplacement. Je deviens donc Lieutenant responsable du poste de secours de la Compagnie, sur le front de la Rochelle. A ma surprise, je suis alors (-quelques mois après-) adjoint à un officier de l'armée Canadienne, en liaison avec les Britanniques et les Américains (1944). Il s'agissait là de préparations de postes de secours, d'hôpitaux complémentaires etc... pour le jour J (le jour le plus long: les équinoxes de juin). Je compris à ce moment ce que signifiaient toutes ces activités fébriles, alors que nous étions placés sous commandement Britannique ou Américain. Puis ce fut le débarquement de juin 1944... Cette fois, les rôles étaient inversés : nos blessés avaient d'autres uniformes (Américains, Anglais, Canadiens, Polonais, Français (volontaires de De Gaulle, à Londres), etc... Nous vivions un enfer ! Nous devions soigner -parfois sans les comprendre- cette pauvre jeunesse que l'on nous amenait dans un bien triste état, ces troupes du débarquement qui, loin de chez eux, se sacrifient pour sauver cette France tant aimée. Après les premiers soins et les rapatriements vers les hôpitaux complémentaires, suite à cette tuerie infernale où la souffrance et la mort étaient reines, je suis affecté dans les groupes sanitaires qui suivaient les combattants, suivant les répartitions des armées et les ordres des Etats Majors. La politique était de nouveau en place, devant ménager les susceptibilités et laisser la place à telle ou telle armée qui devait avoir les honneurs de libérer certains points stratégiques (comme Leclerc pour Paris et les Russes pour Berlin par exemple). Je me suis trouvé sous plusieurs commandements et services Patton, Eisenhower, Leclerc (Rhin et Danube), Montgomery etc... (ce qui explique mes décorations, diplômes et grades cités en fin de mes activités). Enfin, tout se stabilise. Après avoir assuré la gestion de l'hôpital complémentaire Charles Zozol à Cauderan, après avoir passé le concours d'homologation des grades (au Val de Grâce à Vincennes -15/20, en 52), je suis nommé à la gestion de l'hôpital de San Salvador à Hyères (Vaucluse) et Michel Lévy où je suis réformé pour raison de santé (50 %). Je reviens à Bordeaux, et reprends mes activités de presse et artistiques. Secrétaire Général de diverses associations, et Président de différents salons artistiques, je crée l'Académie Européenne des Arts en 1965 (17 pays - direction générale en France puis en Belgique) : Comités déclarés et officiels (France, Belgique, Espagne etc ...), création de la revue de l'A.E.A. éditée en Belgique, et expositions internationales dans les pays ou l'A.E.A. a ses Comités... Puis, de Paris où nous avions un commerce, (peinture, cadres etc ...) nous nous retirons à Thiviers (Dordogne) en 1979. J'y continue alors mes activités... Avec ma femme -alors à la retraite- nous restons dans cette ville où nous profitons pleinement d'un repos bien gagné, animant néanmoins de saines occupations. Voilà ce qui peut expliquer tous les diplômes, décorations etc... (que je me ferais un plaisir de présenter au besoin) qui honorent à ce jour de septembre 2000, 84 ans d'une vie active et passionnée. On me dit parfois "Comment avez-vous pu avoir tout cela ?"... Je crois que là est le secret de mon bonheur et de ma réussite dans une vie active et parfois bien difficile. Je tiens à remercier la Mairie de Thiviers pour son aide précieuse... |
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