Un texte de Maurice GIBERT. Ces lignes ont été reproduites dans une de nos premières revues.  

Fondateur de l’Académie européenne des Arts, Maurice Gibert, peintre et journaliste, consacre la plus grande partie de sa vie à apporter un peu de bonheur à ses frères, les artistes. 

L’A.E.A., depuis quelques années, est le reflet  vivant et concret de sa générosité. Cette association humanitaire et artistique ne pouvait qu’être l’œuvre d’un poète et nous avons plaisir à reproduire cet hommage, que M. GIBERT a dédié à tous les créateurs et pour lequel, au nom de tous les artistes, nous l’assurons, par ce geste de notre fraternelle sympathie.   

Merci, grand merci … 

Toi qui traverse ce désert qu’est la vie, le cœur lourd, la tête vide, arrête-toi ; écoute comme elle est rafraîchissante et bienfaisante cette musique qui, comme une source vive, vient apaiser nos pleurs, vient calmer nos souffrances et étancher notre soif de liberté. 

Musicien, mon ami, arrête-toi et que l’on te dise merci… 

Écoute ce poète qui, d’une voix presque irréelle, nous délivre de nos chaînes et nous apporte l’espoir, en nous permettant de découvrir le beau dans toutes choses. Il transforme pour nous la laideur et l’injustice en un idéal de passion et d’amour. 

Poète, mon ami, arrête-toi et que l’on te dise merci… 

Regarde ce peintre qui, d’un coup de crayon ou de pinceau, fait d’un désert une forêt, nous transporte de rivage en rivage, apportant à l’ombre la lumière, en faisant de tes couleurs l’arc-en-ciel de nos rêves. 

Artiste peintre, mon ami, arrête-toi et que l’on te dise merci… 

Est-ce de l’enchantement ou de la magie, regarde, ami, cette pierre informe et ce tronc d’arbre qui tord ses branches en suppliant le ciel. Ils viennent de retrouver la vie ! En quelques coups de ciseau et de marteau, faisant voler le bois et la pierre, le sculpteur vient de leur donner, dans un corps frêle ou robuste, l’harmonie et la grâce, couronnant le tout d’une âme et d’un cœur qui fait battre le nôtre trop souvent de pierre. 

Sculpteur, mon ami, arrête-toi et que l’on te dise merci… 

Que de bruit ! Le feu anime et transforme des fers tordus et rouillés, abandonnés de tous. De tous ? Non. Un homme les rassemble, les soude et leur donne dans une impression de force, l’aspect des êtres et des choses que l’on aime et que l’on respecte. 

Ferronnier, mon ami, arrête-toi et que l’on te dise merci… 

Amis, s’il vous arrive parfois de rire de ces pauvres fous que sont les artistes, réfléchissez ! Leur sage folie vous apporte tout et si vous savez les aimer et les comprendre, ils feront du désert qui vous entoure, un vrai paradis. Même si dans leur création vous trouvez beaucoup de rêve, soyez-en joyeux, c’est qu’alors, vous serez heureux de vivre. 

Ne riez pas de ceux qui palabrent seuls, face au vent. Ils préparent pour vous des poèmes et des livres qui combleront vos heures d’insomnie. 

Ne riez pas de ceux qui battent la mesure dans le vide et chantonnent. Ils travaillent pour vous apporter du rêve et charmer vos heures d’attente. 

Ne riez pas de ceux qui amassent des cailloux. Vous serez étonnés et honteux lorsque, placés devant leurs œuvres, vous constaterez que la plus petite pierre peut être le maillon fort d’un chef-d’œuvre. 

Ne riez pas de ceux qui, sous les intempéries, tracent et peignent un paysage, un monument, ou un portrait. Ils fixent pour vous  le souvenir qui vous est cher et vous apportent le rayon de chaleur et de couleur qui égaiera votre foyer, parfois triste et froid. 

Ne riez pas et ne criez pas après ceux qui, bruyamment, travaillent la pierre, le bois ou le fer. Ils apportent vie et âme aux cages, aux prisons modernes appelées H.L.M… 

À tous ces artistes, qui passent, modestes et rayonnant d’amour, dites merci, grand merci.
     Respectez-les car si, comme vous, ils peuvent donner la vie, ils ont en plus ce don des dieux que l’on peut leur envier, celui de donner une âme et un cœur à tout ce qu’ils touchent.

Chers amis, mon bonheur et ma joie de vivre est en vous. Aussi, de toutes mes  forces et de tout mon cœur, je vous dis : 

Arrêtez-vous ! Que je vous dise MERCI. 

                                                                 Maurice Gibert

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